Voyager c’est chouette ! Difficile de commencer un texte par une phrase plus bateau. Mais dans le fond c’est vrais, ou du-moins c’est pas faux. Quand on voyage - je parle ici du voyage comme perspective de vie à plus ou moins long terme, comme processus de changement du quotidien et non pas du voyage d’une semaine à Salou - on explore, on découvre, on s’émerveille, on contemple, on s’amuse, on reste bouche-bée, on élargit son horizon, on jouit pleinement de la vie. Quand on voyage, on s’en met plein la vue, le corps, le coeur, l’esprit, tout ce qu’on peut remplir. Mais souvent ça déborde et notre nature humaine nous donne l’envie, en cas de trop-plein d’émotions, de le partager avec ceux qui nous sont chers et proches.
C’est à ce moment qu’elle intervient, qu’elle se met en travers du chemin et vous laisse un gout amer en travers de la gorge - joli mix d’expression n’est-il pas. Elle est l’un des paramètres essentiels du processus do voyage, l’une des raisons pour lesquelles un jour on prend ses clics et ses clacs avant de claquer la porte et de marcher vers l’horizon. C’est un plus ou moins gros paquet que chacun porte dans ses bagages. La plupart du temps, on y pense pas ou seulement légèrement. La plupart du temps, on y pense sereinement, calmement, philosophiquement. Mais parfois elle vous pèse d’un coup, elle se rappelle presque sadiquement à vous. On peut tenter de se détourner et de l’oublier mais comme souvent (toujours), ce qu’on essaye de dissimuler finit par remonter. Elle vient vous gratouiller, chatouiller, titiller le moral et il s’agit alors de fermement tenir la barre pour ne pas laisser le mental chavirer. Prendre une grande respiration (ou deux) l’attaquer de plein front. Elle, c’est la distance, cet espace qui vous sépare de ceux qui vous sont chers, de vos amis et de votre famille. On peut bien essayer de la réduire par la force de la pensée ou de la technologie, mais rien ne peut se substituer à la proximité. Jamais on ne pourra remplacer la force d’une étreinte, l’accord des respirations, le plaisir d’un repas partagé, l’ivresse d’une bouteille entamée, le bonheur d’une présence, le frisson d’un baiser. Quand le poids de la distance se fait sentir, quand il vous assomme et vous étourdi, c’est généralement qu’un événement majeur se produit. S’il est positif, la distance est râlante mais plus ou moins aisément outre-passable. Quand l’événement est négatif… Quand l’événement est négatif, le poids de la distance vous remplit les yeux, l’estomac et est difficilement digérable. Cependant, aucune difficulté n’est insurmontable et le poids de la distance peut aussi rapidement se faire oublier qu’il n’est arrivé. Le voyage c’est donc chouette parce qu’il est synonyme de neuf, de renouveau, de changement, de perspectives infinies, de rêves permanent et réalisés. Mais le voyage c’est parfois moins chouette parce qu’on se prend des tartes, des coups de poings, des mauvaises surprises, des vertiges, des crises de mélancolie. Le voyage, cette école de vie…. Aujourd’hui je l’ai une fois de plus bien compris. J’vais beau avoir tenté de m’y préparer, quand ça m’est tombé dessus, je l’ai bien senti. La mort d’un être cher, même quand il est âgé, même quand c’est dans le cours de la vie, ça reste une étape à passer, une bonne dose d’émotions. Ajoutez à cette expérience le poids de la distance et vous obtenez un humain bien désarmé, désemparé, décomposé. Mais cet état n’est que de passage et contribue à l’apprentissage. Me voilà donc à nouveau serein, même si je suis à vingt-mille kilomètres de toi, pour te dire encore une fois, ma petite Bonne-Maman, à quel point je t’aime, à quel point tu es et resteras un modèle d’altruisme et de bonté pour moi, à quel point pour ton plus grand bonheur je suis heureux dans cette nouvelle aventure de l’autre côté de la terre. P.S.: Bon ça va hein maintenant! Des attentats, un décès, … C’était rigolo, un peu, de me secouer et de me faire chialer comme une madeleine mais là c’est bon. Certes un tremblement de terre ne vient jamais sans sa réplique, mais si on pouvait ne pas donner raison au diction “jamais deux sans trois”, ça m’arrangerait, vraiment. Ou alors donnez-moi au moins un peu de répi… Un p’tit mariage ou un enfant, quelqu’un? Non? Vous là-bas dans le fond? |
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![]() Tramping, cycling, running, skiing, travelling, I keep exploring this amazing planet we live on. The following texts give an insight of my various wanderings. From poetry to trip reports or thoughts on particular subjects, this pages try to reflect how I travel through this modern world.
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Mai 2020
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